Un dialogue entre les hommes et les animaux ? jeudi 2 avril 2009

Marion Vicart (EHESS-UPJV) : "Petit exercice de 'phénoménographie' pour les chiens"

L'homme et le chien vivent depuis des siècles une relation exceptionnelle couramment désignée de "relation de compagnie". Sur le plan évolutif, cette proximité interspécifique a fait naître chez le chien des caractéristiques sociocognitives spécifiques lui faisant tenir une place singulière dans la société des hommes. Notre travail de thèse, actuellement en cours, s'intéresse ainsi au chien, plus précisément à ses modes d'être, d'agir et d'exister en situations de vie quotidienne. C'est pourquoi, pour accueillir l'animal en sciences sociales, nous avons dû aménager un accès méthodologique adapté qui ne soit pas d'emblée conçu comme une architecture visant uniquement la connaissance des hommes. Parce qu'elle permet de faire tenir côte à côte l'homme et le chien dans les descriptions et qu'elle rend possible l'analyse comparative de ces deux présences, la phénoménographie est, selon nous, une ces voies d'accès vers l'équité. Nous en présenterons, dans un premier temps, les points essentiels. Puis, il s'agira d'adopter une perspective plus "empirique". Quelles différences et/ou similitude y a-t-il entre les manières d'être chien et celles d'être humain? L'homme et le chien partagent-ils des modalités d'existence en commun? A travers l'analyse photographique de quelques situations de vie quotidienne, nous examinerons ces questions dont l'objectif est de mieux comprendre comment se conjugue le verbe "être" aux modes humain et canin.


Marine Grandgeorge (Rennes 1) : "L'enfant autiste peut-il récupérer des fonctions cognitives et sociales par le lien à l'animal?"

L'autisme est un syndrome clinique défini par un ensemble de troubles du comportement qui se manifestent sous la forme d'un déficit des interactions sociales et de la communication, généralement associés à des perturbations de traitement de l'information auditive (aire STS) qui pourraient expliquer en partie le retrait autistique (Gervais et al 2004). Cependant, chez l'animal, une privation sociale pendant le développement peut perturber le développement de l'aire auditive centrale primaire tout autant qu'une privation sensorielle. De plus, un retrait social peut avoir le même impact qu'une séparation physique (Cousillas et al 2006; Hausberger & Gombert 2007). On s'interroge sur l'importance du retrait social sur le développement sensoriel chez les jeunes autistes: l'absence d'activation de l'aire STS est-elle la cause ou la conséquence du retrait social?
Une étude récente a montré que l'Homme pouvait jouer le rôle de substitut social pour une autre espèce, particulièrement chez les individus en privation social (Rousseau et al soumis). Ce rôle est depuis longtemps mis en avant pour les animaux domestiques et apparaît être crucial dans le développement cognitif et social des enfants, particulièrement ceux en difficultés sociales comme les enfants autistes. Dans de nombreux cas, les observations suggèrent en effet que ces enfants en présence d'animaux améliorent leur communication sociale. Bien que ces observations soient souvent rapportées, aucune étude scientifique n'a vraiment été menée sur ce sujet. Un réel besoin se fait sentir.
Ainsi, les buts de ce projet de recherche, s'articulant autour de mon travail de doctorat, sont donc de recueillir des informations sur différents points afin de comprendre (1) quelle influence l'environnement social peut avoir dans le développement de l'enfant autiste, (2) comment se met en place et se développe une relation entre l'enfant et l'animal, (3) quels sont les canaux sensoriels privilégiés, et (4) si des améliorations cognitives et sociales sont possibles.

pour toute actualité: http://relationenfantanimal.blogspot.com/
http://marine.grandgeorge@univ-rennes1.fr/

Journée d'études

Réalisme et gender dans la peinture du XXe siècle

Cette journée sera l’occasion d’examiner les liens nombreux et complexes entre la peinture réaliste et la représentation du genre sexuel ( gender ).

Le concept de genre ou gender (le mot anglais permettant de préciser l’acception très large du mot), désigne le genre sexuel en tant qu’il s’inscrit dans la société. Le gender se différencie alors du genre biologique, donné par la nature, en ce qu’il est une construction sociale.

Jusqu’ici, cette affinité entre réalisme et la question des genres a surtout été étudiée au 19ème siècle. Or, au vingtième siècle, les identités sexuelles font l’objet d’une attention nouvelle et deviennent un enjeu politique important. Par ailleurs, le choix de pratiquer une peinture réaliste n’est plus une évidence pour les artistes. Aborder la peinture réaliste sous l’angle du « gender » pourra permettre de renouveler les approches de cette peinture, mais devrait aussi affiner notre compréhension des problèmes relatifs aux genres dans les différentes sociétés du vingtième siècle.

Programme de la journée

Matinée : Faculté des Arts
30, rue des Teinturiers, salle 305

9h30 café de bienvenue

9h45 Introduction
Sabine Cazenave, directeur des musées d’Amiens, conservateur du Patrimoine
Laurence Bertrand-Dorléac, professeur à l'Université de Picardie Jules Verne (UPJV)

10h - 10h30 : L’entre deux siècles et le questionnement du genre
- Frédérique Villemur, maître-assistante à l’École nationale
supérieure d’architecture de Montpellier et chargée
d’enseignement à l’Université Paris-Diderot Paris VII
Mrs Brooks, peintre des gris harmonieux

10h30 – 11h30 : L’entre-deux-guerres et la crispation des identités sexuelles
- François Legrand, docteur en histoire de l’art, journaliste indépendant, collaborateur à Connaissance des arts
Our american art is so effeminate at present that it would do no harm to have it inoculated with some of that brutality


- Paula Diehl, docteur en histoire de l’art, chercheur au centre Marc Bloch, Berlin
Les images du corps des SS et l’utopie nationale-socialiste

- Marie Frétigny, doctorante en histoire de l’art, moniteur à l’UPJV
Antonio Donghi, le réalisme magique et la comédie du genre


11h30 discussion

12h - 13h : Le cas du réalisme communiste
- Anna Monusova, doctorante en histoire de l’art, moniteur à l’Université Paris I
Venus soviétique. La construction de la féminité dans l’art du réalisme socialiste des années 1920-40

- Ewa Toniak enseignante à la Warsaw University and Polish Academy of sciences (Pologne)
« The bricklayers » or how to paint an object ? Some remarks on Polish paintings and socialist realism ideology


Aprés-midi : Maison de la Culture d’Amiens, 2, place Léon Gontier, Petit Théâtre

14h00 – 14h30 : visite de l'exposition Ce qui demeure est le futur collection moderne et contemporaine du Musée de Picardie
Exposition co-réalisée par la Maison de la Culture d’Amiens et le Musée de Picardie

14h30 : Le cas du réalisme communiste (suite)
- Jérôme Bazin, doctorant en histoire de l’art, moniteur à UPJV
Égalité sexuelle et réalisme prolétarien en RDA (1949-89)

- Constanze Fritzsch, enseignante au Bauhaus (Allemagne)
Représentation de l'ouvrier, représentation du nouvel homme?


15h30 discussion

16h - 17h : Le genre dans l’art de la société de consommation
- Anne-Lise Quesnel, doctorante en histoire de l’art, Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
Le gender représenté dans les affiches lacérées Nouveaux Réalistes de Jacques Villeglé

- Glafki Gotsi, docteur en histoire de l’art, enseignante à l’Université de Thessalonique
Simulacres, fétiches et gender dans la peinture des Nouveaux Réalistes grecs

17h – 18h : Les ambiguïtés du genre à l’heure du féminisme
- Camille Viéville, docteur en histoire de l’art, UPJV
Genres détournés. Le portrait nu dans la peinture féministe des années 1960-1970


- Emilie Bouvard doctorante en histoire de l’art, moniteur à l’Université Paris I
Vanessa Beecroft. Tableaux vivants, genre et réalisme des corps

18h discussion


Publication

La revue Corridor, éditée par l’UPJV, publiera les actes de la journée d’étude dans un numéro spécial en novembre 2009.
Commandes par correspondances sur le site
http://www.u-picardie.fr/corridor


Organisation

L’Université de Picardie Jules Verne, l’association des doctorants ED3C, la Maison de la Culture d’Amiens et les musées d’Amiens participent à la réalisation de cette journée, coordonnée par Marie Frétigny et Jérôme Bazin, doctorants en histoire de l’art à l’Université de Picardie.
Jules Verne.